Les trois vies d’Agnès Varda exposées à Moscou

par Caroline Gibert

Agnès Varda préparait le projet de l’exposition de Moscou depuis longtemps, en collaboration avec Olga Sviblova. Elle avait même commencé à sélectionner des photographies. Après la mort de sa mère, sa fille Rosalie est allée au bout du projet.

Au MAMM (Musée d’art multimédia) se tient une riche exposition consacrée à la Française Agnès Varda. À la fois cinéaste, photographe et plasticienne (ses “trois vies”), cette grande dame du cinéma français a montré une curiosité universelle, selon les termes de sa fille Rosalie, présente à Moscou pour le vernissage de l’exposition.

 

À L’ORIGINE, LA PHOTOGRAPHIE

Si ses films sont connus en Russie, les photographies d’Agnès Varda l’étaient beaucoup moins, comme en France du reste, jusqu’à cette belle exposition. Sous l’impulsion d’Olga Sviblova, conservatrice du MAMM, la famille de la photographe et sa galeriste, Nathalie Obadia, ont prêté de beaux tirages originaux, dont certains réalisés par Agnès Varda elle-même.

Car Agnès Varda a commencé par être photographe. Née en Belgique en 1928, elle passe son adolescence à Sète où sa famille se réfugie pendant la Deuxième Guerre mondiale. Plus tard, à Paris, elle étudie la photographie à l’école des Beaux-Arts et l’histoire de l’art à l’école du Louvre.

Le public moscovite a la chance de pouvoir découvrir au MAMM les tirages noir et blanc qu’elle réalisa pour sa première exposition de photographies, une vingtaine de petits formats contrecollés sur carton montrés en 1954 dans sa maison de la rue Daguerre à Paris. À l’époque amis et curieux font le déplacement, parmi lesquels Hans Hartung et Brassaï.

La démarche à l’œuvre dans certains de ses clichés, pris dans les rues au hasard de promenades, rappelle celle des grands photographes humanistes de l’époque, de Cartier-Bresson à Doisneau. Pour d’autres, Agnès Varda organise l’image et s’essaie ainsi à la mise en scène.

 

On note, dès cette première exposition, un très beau tirage de la photo d’une banale pomme de terre germée en forme de cœur (1953), qui devient ainsi un symbole d’amour et de vie bien avant son film Les glaneurs et la glaneuse (2000), consacré lui aussi à la seconde vie des déchets.

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